A l’occasion du prochain Conseil Municipal le 18 mars prochain, la Ville de Saint-Ouen-sur-Seine prévoit le vote d’une nouvelle sectorisation scolaire, qui a été élaborée à la suite de plusieurs hypothèses successives et contrastées. Elle intervient dans le cadre de l’ouverture de l’école La Fontaine et de livraisons de logement à Saint-Ouen, et conduit à transférer des enfants scolarisés dans des écoles plus éloignées.

Les enfants domiciliés dans les rues en pointillés seraient rattachés à la Fontaine.


Un manque d’écoles mal anticipé

Chacun peut constater la forte croissance démographique de la ville (autant par les naissances et que par l’installation de nouveaux habitants dans de nouveaux logements), conduisant à des phénomènes de sureffectif dans les écoles, en particulier dans les Docks.

Mais alors pourquoi Séquano n’a-t-elle pas été en mesure de conseiller la Ville à la hauteur des besoins en équipements rendus nécessaires par les logements livrés, en cours de commercialisation, et en programmation? Pourquoi est-ce qu’à l’occasion de la révision complète de l’aménagement et de la programmation des Docks en 2015, la Ville n’a-t-elle pas immédiatement engagé la construction de classes supplémentaires?


Une navigation à vue de la sectorisation scolaire

En 2016, la Ville avait annoncé en conseil d’école que La Fontaine accueillerait les enfants de l’école Bachelet, qui doit faire l’objet d’une opération de désamiantage. En 2017, la Ville indique en Conseil d’école que ce sera plutôt la nouvelle école rue Bauer qui accueillera les enfants de Bachelet en 2021. Et puis finalement, en 2018, ce sont 2 autres écoles, Renan et Eurosites qui devront accueillir les enfants de Bachelet, ainsi que les enfants des Docks, et ce, à horizon 2021.


Et des enfants qui trinquent….

La nouvelle sectorisation conduit à exclure 124 enfants de leur école actuelle (27 à Petit Prince; 99 à Pef dont 60 domiciliés rue Frida Kahlo). Pourtant, il est rare qu’une évolution de sectorisation scolaire conduise des enfants déjà scolarisés à changer d’école. Il est encore plus rarissime que le changement d’école imposé affecte des enfants en cours de cycle. En effet, la priorité donnée au bien-être de l’enfant conduit, lors de réformes de sectorisation scolaire en France, à permettre au maximum aux enfants de finir leur cycle dans leur école.


Le code de l’éducation (article L. 212-8) dispose par exemple que dans le cas où un enfant est scolarisé dans une école d’une commune différente que celle où il réside, “sa scolarisation ne peut être remise en cause (...) avant le terme soit de la formation préélémentaire, soit de la scolarité primaire de cet enfant commencées ou poursuivies durant l'année scolaire précédente dans un établissement du même cycle de la commune d'accueil”. Le code de l’éducation affirme ainsi l’importance du cycle scolaire pour les apprentissages et l’épanouissement des enfants, et sa prééminence en cas d’obligation de changements d’établissements.


L’hypothèse retenue à ce stade par la Ville :

  • fait changer d’école pour la 3ème fois des enfants qui avaient déjà intégré l’école Pef en 2015-2016 lors des 1ers emménagements dans le quartier (Petit Prince n’était alors pas livré), école qu’ils avaient ensuite dû quitter pour rejoindre Petit Prince à la rentrée 2016 à la livraison de l’école. Ils quitteraient de nouveau à la rentrée 2019 Petit Prince pour rejoindre Pef.
  • contraint les enfants de la rue Gisèle Halimi (limite du nouveau Leroy-Merlin), de la rue Frida Khalo à effectuer des trajets de plus de 20 min à pied avec des enfants qui passeront tous les jours devant leur ancienne école pour se rendre dans une école plus éloignée.
  • oblige les enfants à traverser désormais des rues passantes (rue la clef des champs) voire dangereuses, boulevard Victor Hugo, manquant fortement de traversées piétonnes.
  • perturbe les organisations familiales en place: sorties d’école avec des nounous partagées, remise en place de conduite d’enfants autrefois autonomes.

Un désengorgement court-termiste

Les classes de l’école Pef transférées à la Fontaine sont compensées par celles arrivant de l’école Petit Prince et permettent de ramener les deux écoles au maximum de leur capacité pour l’année 2019. Or, dès 2020, l’arrivée prévue de nombreux nouveaux enfants en petites sections fait de nouveau déborder les écoles, tandis qu’en 2021, les nouvelles livraisons et l’ouverture d’une école - enfin - rue Ernest Renan (pour 2022?) obligeront à rebattre encore une fois les cartes.

En 2020 quels enfants déjà scolarisés vont devoir changer d’école : ceux de la rue des Bateliers ? rue Maurice Audin? Allée de Paris ?

La Ville prévoit-elle que les enfants changent chaque année d’école, à l’occasion des livraisons de groupes de logements et de groupes scolaires ?


Une refonte de la sectorisation dans la précipitation, et sans communication aux parents

Si l’ouverture de la Fontaine et le report d’une partie des élèves de Pef vers celle-ci étaient connus depuis novembre, la refonte de la carte scolaire a été menée tambour battant : le 17 janvier, soit il y a 1 mois, les associations de parents d’élèves sont informés lors d’un comité restreint que l’école du Petit Prince sera finalement impactée. Le 31 janvier 2019 s’est tenu un 2ème comité restreint qui a acté le scénario de transfert de dizaines d’enfants déjà scolarisés de Petit Prince à Pef, ainsi que de Pef à La Fontaine, et ce, sans que la Ville ne prévoit d’informer les parents d’élèves  impactés.


De la même façon que pour les enfants de l’école Bachelet dont les parents avaient demandé et obtenu des ajustements de la sectorisation scolaire, les parents d’élèves de Petit Prince et Pef, en lien avec les associations de parents d’élèves, ont transmis des nouvelles propositions de répartition des effectifs à la Ville. Ces propositions tentent de concilier l’intérêt des élèves avec la croissance démographique de la Ville en se fixant comme ligne directrice de ne pas faire changer d’école des enfants déjà inscrits. Au Petit Prince, par exemple, préserver l'intérêt des enfants conduirait simplement à augmenter de 1 enfant le nombre d’élèves par classe.


Une rencontre a lieu ce mardi 19 février au soir entre des délégations et le service Vie scolaire, et nous espérons que ce sera l’occasion pour la Ville d’accepter le dialogue avec les enfants et parents impactés par sa décision.